How to catch a shareholder

How to catch a shareholder
Pour faire le portait d'un oiseau...... (copyright Marie-Claire Ralph)

jeudi 26 août 2010

Regarder la réalité en face

Certains actionnaires posent des questions étonnantes, ou pire, des affirmations hors sujet.  L'un dit vouloir connaitre la date de recotation afin  récupérer son capital pour faire face à de grosses échéances, le second affirme que pour le moment rien n'est sûr, et conseille d'attendre encore avant de se faire une opinion sur l'état réel de la société, un troisième réclame que des projections soient données sur la paiement d'un dividende en 2011....

Alors bien sûr, on pourrait trouver une (toute petite) raison d'espérer n'avoir pas perdu la totalité de sa mise : en passant plein d'heures à fouiller dans les textes, on pourra dénicher une raison qui ferait que finalement, la procédure d'alerte lancée par les CAC est dûe à un simple agacement de leur part, et que, après une période de redressement, l'entreprise, miraculeusement, redeviendrait rentable, et arriverait à se sortir la tête de l'eau.

Malheureusement aucune hypothèse optimiste ne tient la route, pour les actionnaires (et je dis bien : pour les actionnaires).  Pourquoi?
- parce que le groupe n'a jamais été rentable

- parce que son activité ne peut en aucun cas atteindre un niveau qui lui permettre d'espérer le retour à la rentabilité

- parce que l'équipe dirigeante a tellement menti, qu'elle a perdu tout crédit (auprès non seulement des banques, mais aussi auprès de ses CAC, donc auprès du Tribunal de Commerce, auprès des marchés financiers et auprès de ses salariés.

- parce que l'enchainement des évènements ayant conduit à la procédure d'alerte prouve à lui seul que la situation de la société est compromise : je ne connais AUCUN CAC qui, s'il estimait qu'une chance de rétablissement était possible, n'aurait pas tout mis en oeuvre pour permettre ce rétablissement, avant d'en arriver à la procédure d'alerte que connait Loyaltouch.  Quand Querou a décidé la mise hors course du Conseil de Surveillance en se nommant membre du Directoire, il savait fatalement que cela l'empêcherait de répondre à la demande des CAC.

- parce que les actionnaires ne sont pas des créanciers.  Ils ne se partagent que ce qu'il reste après que les créanciers aient été payés.  Même en supposant que la créance de certains d'entre eux soit requalifiée (je pense à tous les mouvements suspects avec Waaw et avec certains dirigeants et satellites du groupe) ; même en supposant que les créances aux fournisseurs normaux, aux salariés, organismes sociaux et fiscaux soient faibles, il reste quand même une quarantaine de millions d'obligataires à rembourser, avant même que les actionnaires puissent espérer toucher le moindre sou après liquidation.

Et même si Loyaltouch possède en son sein quelques secteurs d'activités rentables qui pourraient perdurer malgré la perte d'image, le prix de leur vente ne pourrait suffire à apurer le passif de la société.
Je connais d'avance la question : "Comment pouvez-vous juger du passif alors que les comptes n'ont pas été publiés?". Et bien c'est tout simple. Reprenez le bilan consolidé de l'an dernier (le vrai, celui certifié par les CAC qui fait apparaitre une perte de 19 M€.  En fonction de votre optimisme, ajoutez-y le résultat net de l'année (10 M€ dans le meilleur des cas. Je n'y crois pas une seconde, mais admettons, juste le temps de la démonstration). Et prenez maintenant en compte cette donnée : dans le cas d'une "exploitation compromise", la valorisation des actifs se fait non pas en prenant comme hypothèse la continuité de l'exploitation, mais la valeur de liquidation. Cela veut dire quoi? Que tous les chiffres artificiellement gonflés sont évalués à leur valeur de marché.  Que vaut à la casse un fonds de commerce valorisé plusieurs millions d'euros au bilan lorsque aucune activité n'a été exercée? ZERO.  Faites donc le compte de toutes les survaleurs, et déduisez-les du résultat.  On arrive à combien de pertes cumulées? Déduisez ces pertes des derniers fonds propres connus.  Cela sera t il vendu plus que les 40 millions de dettes aux obligataires?  Cela suffira t il même à payer les créances privilégiées et courantes?

NON.

Alors, pour tous ceux qui sont embourbés dans cette affaire au-delà du raisonnable, la solution la plus sage est d'arrêter d'espérer, de considérer que l'investissement est en perte totale, et de tenter d'assumer en voyant comment faire face : révision de projet d'entreprise pour certains, renégociation dès à présent des échéances à assumer pour d'autres (plus tôt vous le ferez, et plus vous aurez de chances de vous en sortir. Car à balader, même en toute bonne foi, vos créanciers en leur promettant des paiement sous peu, "dès qu'elle recotera", vous ne pourriez qu'entamer votre capacité de négociation à votre tour).  Envisagez même une procédure de surendettement. Ou révisez vos projets de retraite. Enfin, bref, faites n'importe quoi, mais prenez en main votre situation personnelle. Quand aux petits chanceux pour qui l'investissement fait sur Loyaltouch ne remet pas en cause la situation financière, hors le renoncement à quelques vacances ou le simple déplaisir de voir ses économies chuter, tant mieux pour vous.

Mais je dois dire qu'ayant eu connaissance de quelques situations personnelles, je reste en colère contre les pumpers, et notamment ceux doués d'un bon capital économique et culturel, qui se sont fait les complices de cette situation en oubliant que, si eux pumpaient "en toute bonne foi" pour tenter de faire monter le cours de l'action et dégager des plus-values, tout le monde n'a pas le même bagage économique, ou les mêmes capacités d'anticipation. Quand on a la chance d'être cultivé (en termes de finance, de compréhension de la compta et de la vie des entreprises) on a aussi, ne vous déplaise, une responsabilité.   Désolée, mais je ne crois pas à la loi de la jungle que certains ont défendu. Ou continuent à défendre. Trop facile de dire à certains "ce qui vous arrive est de votre faute" quand on a participé activement au travail d'enfume, alors qu'au fin fond de soi, on savait pertinemment que certains feux passaient à l'orange.  Même si effectivement tous ceux qui ont perdu doivent AUSSI s'en prendre à eux-mêmes, cela n'était pas la peine, en plus, de les "aider".

Si encore vous aviez eu l'honnêteté de laisser des voix contradictoires s'exprimer, afin de laisser leurs chances de comprendre la situation aux moins avertis, je serais peut-être moins révoltée. Mais depuis novembre que je vous vois faire, à coups de censure, de dénigrement, de manipulation d'opinions, censure qui est revenue de plus belle ces derniers jours, je vous méprise, pumpers sans foi ni loi.   Et vos pertes n'excusent en aucun cas votre attitude.

"Mais c'est pas faute,M'dame, c'est la faute à Quérou/Scaglione/machintruc". Certes. C'est aussi leur faute.  Et au lieu d'atermoyer, de chercher à les rencontrer, la seule à chose à faire, dans un premier temps, est de voter non aux résolutions de la prochaine AGE.  Accessoirement, vous pourrez comme certains prétendent le faire, monter un dossier pour ensuite tenter de les poursuivre en justice. Sauf que : ne vous égarez pas. C'est presque accessoire. Ne fuyez pas dans ces espoirs. Faites le EN PLUS de la prise en main de votre situation personnelle. J'ai trop vu cela sur Golog, dont je retrouve ici certaines grandes gueules, pour savoir que rares ont été ceux qui ont été jusqu'au bout de leur décision de poster plainte. (En fait j'ai été la seule à ma connaissance, et uniquement pour le principe). Je ne leur jette pas la pierre, compte-tenu de l'investissement en énergie, en temps et en argent que cela représente, je comprends volontiers que l'on laisse tomber. Mais de grâce, les grandes gueules, après avoir pumpé, évitez donc aux actionnaires les plus méchamment exposés de vivre le second effet Kiss Cool, en continuant à les faire réver et en les détournant des premières mesures urgentes à prendre.

Il parait que savoir regarder la réalité en face est une preuve de grandeur. Malgré vos pertes, serez-vous Grand?

8 commentaires:

  1. Alors là, Deuxtroy vous avez bouffé du lion ?!!
    En tant qu'ancien salarié (non actionnaire), je ne peux que rejoindre la quasi-totalité de vos propos (pour les autres, je n'avais pas l'information suffisante pour juger) mais vous avez oublié un point dans les charges de l'entreprise à venir : les résultats des procès aux Prud'hommes et il y en a quelques-uns en cours. Normalement, cet argent est provisionné et si jamais la société est en cessation de paiement avant la tenue de ces procès, c'est un fonds de garantie qui paiera les salariés lésés.
    Cependant, sans vouloir donner d'espoir à quiconque, il reste de bons profils et de belles compétences dans ce groupe et un recentrage est possible mais avec un écrémage de 70% de la masse salariale pour repartir sur un CA proche d'un à 3 million(s) d'euros annuel. Mais là je ne pense pas que ça intéresse les dirigeants actuels.

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  2. Je partage entièrement votre avis.

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  3. Bonjour,
    Merci pour cette analyse.
    Je souhaitais savoir d'où provient cette information d'une procédure d'alerte des CAC et toutes les informations sur la falsification des comptes.
    En vous remerciant d'avance

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  4. La procédure d'alerte se lit dans les résolutions proposées à la prochaine AGO du 30 septembre : Lecture du rapport spécial des Commissaires aux comptes visé aux articles L 234-1, al.3 et R 234-3 du Code de commerce. Les articles 234.1 et 234-3 régissent la procédure d'alerte.

    Quand à la présentation des comptes 2008 falsifiés, cela a longuement été traité ici même : les comptes publiés sur les sites boursiers proviennent de l'imagination de Querou (je te prends des comptes pro-forma "combinés", je les retraite à ma sauce, et fait croire que ce sont les vrais comptes). Ceux présentés en AG aux actionnaires l'an dernier avaient fait l'objet d'un violent démenti du CAC. Pour les comptes 2009, les CAC ont refusés de certifier les comptes que Querou voulait leur faire gober et qu'il a présenté au marché il y a quelques mois, car ils n'étaient pas représentatifs de la réalité économique de l'entreprise.

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  5. Et quelle est cette "réalité économique de l'entreprise" , de manière objective, selon vous ?
    Car il y a un gouffre entre une société rentable ,et qui croît, et une société très déficitaire aux bords de la faillite.

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  6. Vous débarquez d'où? La réalité économique de l'entreprise, elle a suffisament été détaillée ici pour que vous ayez de la matière! Relisez donc le post de jam.tomp recopié ici. Message très orienté business :
    http://loyal-touch.blogspot.com/2010/07/post-de-jamtomp-censure-12-fois-hier-lt.html

    Et tout le reste...

    Mais je suis d'accord avec vous sur un point : il y a un gouffre entre une société rentable, qui croit, et une société très déficitaire, au bord de la faillite.

    Loyaltouch n' jamais été rentable, ou si peu que c'est inutile d'en parler. 19 M€ de pertes l'an dernier, c'est ce que vous appelez être rentable? Impossibilités de payer les intérêts des obligataires, c'est le témoignage d'une trésorerie pléthorique?

    Quand à la croissance sur le mode BKC (j'augmente mon capital, tu augmentes ton capital, et on s'échange nos créances pourries pour habiller notre bilan), cela permet de mettre un peu de poudre aux yeux quelques mois. Quelques années. Mais le soufflé retombe vite. Comme ici. Et Loyaltouch est bien au bord de la faillite. Mi-octobre au plus tard.

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  7. J' ajouterais que ceux (qui se reconnaitront)qui ont utilisé et amplifié ces comptes bidons (en occultant les - 19 M€ de 2008), ne sauraient se dédouaner en accusant le cabinet Mazars. Même si, déontologiquement cela parait contestable,Mazars(ayant pris les garanties) n'a fait que mettre en musique la partition écrite par Quérou qui en a assumé pleinement les droits d'auteur.
    Messieurs, les pumpers, il faudra trouver d'autres arguments pour justifier votre racolage.

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  8. Quelques points purement business. Quand dans une société dont la majeure du CA est constituée de ventes de produits par Internet (que cela passe par la dénomination de fidélisation ou de centrale d'achat) on assiste aux faits ci-dessous, c'est que cela ne va pas très bien :

    - les sites web ne répondent plus, ou n'ont que quelques visiteurs par ci par là
    - les salariés s'ennuient à ne rien faire
    - les livraisons de la centrale d'achat semblent interrompues (GT)
    - le catalogue en ligne de la dernière société rachetée (MCA) fond comme une peau de chagrin
    - les salaires sont payés à plusieurs reprises avec retard
    - aucun contrat n'est salué par la presse spécialisée très à l'affut pourtant de la moindre news
    - la majorité des cadres de middle management se barrent les uns après les autres
    - les filiales rachetées se cassent régulièrement la figure moins d'un an après leur rachat
    - le Président justifie de pots-de-vin (pardon de commissions) à hauteur de 5 millions d'euros à Waaw uniquement pour avoir le droit de négocier l'achat d'Optize, ce qui permettrait de faire du chiffre d'affaires (selon les propres déclarations de Querou)
    - etc...

    Non, c'est que la société n'est pas "en croissance"!

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